La Société

Brederode est une société internationale d’investissement en capital à risque dont les actions sont cotées sur les marchés règlementés d’Euronext Bruxelles et de la Bourse de Luxembourg.

Performance, indépendance et solidité

Mission & Stratégie

La mission que Brederode s’est donnée est de créer de la valeur à long terme pour ses actionnaires. Son portefeuille est constitué de deux secteurs opérationnels distincts et complémentaires : celui des participations non cotées en bourse, ou Private Equity et celui des titres cotés.

L’attrait du Private Equity est lié à l’opportunité d’en retirer à long terme une rentabilité supérieure à celle espérée en bourse.

Au-delà de sa rentabilité propre, le portefeuille de titres cotés est également considéré comme une ultime réserve de financement maintenue en appui du Private Equity. Il continue de faire l’objet d’une gestion rigoureuse, soucieuse d’équilibrer son caractère défensif avec les objectifs de rentabilité, de liquidité et de croissance.

Brederode est aujourd’hui une des rares sociétés cotée en bourse spécialisée en Private Equity.

Elle bénéficie en outre d’un actionnariat majoritaire stable dont émanent ses principaux dirigeants. Cela permet à Brederode de travailler sereinement dans une perspective de long terme.

Enfin, Brederode jouit d’un niveau global de coûts de gestion très inférieur à celui du marché.

Histoire
du groupe

La société anonyme Brederode, depuis longtemps spécialisée dans l’investissement en capital à risque au niveau international, possède des racines profondes, s’identifiant à certains pans importants de l’histoire économique de la Belgique et de son ancienne colonie.

Raccourci historique (1804 – nos jours)

Sa structure actuelle est en effet la résultante d’une longue série d’acquisitions et de fusions de sociétés provenant d’horizons différents, dans l’espace comme dans le temps. Leur regroupement qui a débouché sur la structure actuelle s’est échelonné sur une période de plus de 40 ans à partir de 1970.

Les six principales sociétés impliquées dans cette longue série de fusions présentaient certaines caractéristiques communes les prédisposant à un changement de cap fondamental, dont le fait de se trouver dans une situation de fin de vie, d’être cotées en bourse, de ne pas être endettées, de disposer d’actifs résiduels aisément réalisables et de ne pas avoir d’actionnaires stables et heureux. Leurs actifs serviront de matière première destinée à leur réorientation en direction d’investissements financiers prometteurs de plus-values à long terme.
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I. Auximines

La pierre angulaire de la future Brederode est née du changement de contrôle en 1970 de la Compagnie Auxiliaire des Mines, en abrégé Auximines . Constituée à Bruxelles en 1899 sous le nom de L’Accumulateur Sec, avant d’adopter une nouvelle dénomination après la première guerre mondiale, elle était au départ une joint-venture entre la société britannique The Sussmann Electric Miners’ Lamp Company, Limited à Londres et un groupe d’entrepreneurs belges proche du monde charbonnier. Les Anglais apportaient leurs brevets, portant essentiellement sur leur invention récente d’une batterie sèche d’accumulateur électrique, portative et rechargeable, jugée plus performante et surtout plus sûre que les batteries traditionnelles comportant un acide liquide.

Auximines perfectionnera régulièrement ses produits, protégés par de nouveaux brevets mis au point par son propre service de recherches et deviendra rapidement le principal acteur sur le marché belge pour la fabrication et la fourniture de lampes électriques portatives équipant les travailleurs de la mine. Par le truchement d’une filiale française qu’elle créera à Douai en 1922, elle étendra son marché aux charbonnages du Nord et de la Sarre.

Après la seconde guerre mondiale, les résultats d’Auximines profiteront largement de la reprise de l’économie et atteindront un niveau record en 1958. Ils subiront ensuite une forte dégradation, liée au rythme des inexorables fermetures de charbonnages en voie d’épuisement, qui contraindront finalement la société à un arrêt total de ses activités à la fin des années soixante.

Dans ces circonstances, la capitalisation boursière d’Auximines avait évidemment fondu, suscitant l’opportunité d’un changement de contrôle par le canal de la bourse.

Ayant atteint son objectif, la nouvelle direction d’Auximines décidera de consacrer les modestes moyens dégagés par la vente des derniers actifs immobiliers à l’acquisition en bourse d’une deuxième cible potentielle.

II. Belgo-Katanga

Cette seconde opportunité se présentera vers la même époque sous forme d’une ancienne société coloniale dont l’actionnariat paraissait fort dispersé et dont les résultats et la valorisation avaient particulièrement souffert des évènements calamiteux qui avaient suivi l’indépendance de la République Démocratique du Congo en 1960 : La Belgo-Katanga.

Cette société avait été fondée en 1910, deux ans après la cession par le roi Léopold II au Royaume de Belgique, du vaste territoire de l’Etat Indépendant du Congo dont il était jusque-là le souverain à titre personnel.

Dans la foulée de l’arrivée du chemin de fer du Cap à Elisabethville (aujourd’hui Lubumbashi) capitale tout juste créée de la province minière du Katanga, trois des pionniers qui avaient œuvré avec succès dans le groupe de sociétés fondées par le général Albert Thys, homme d’affaires et financier du Roi au temps de l’Etat Indépendant, conviennent de constituer La Belgo-Katanga. Ils appartenaient à trois nationalités différentes : française, belge et luxembourgeoise. Ils n’étaient guère fortunés mais leur expérience du terrain était reconnue.

L’arrivée attendue du rail dans la province minière du Katanga avait fait naître l’espoir d’un nouvel eldorado, ce qui permit aux fondateurs de récolter des fonds dans toute la Belgique et même dans le nord de la France en plaçant les actions dans un large public à l’intervention de plusieurs banquiers-agents de change.

La vocation première de La Belgo-Katanga était triple : la recherche et l’exploitation minières, l’établissement de comptoirs commerciaux appelés « factoreries » et la constitution d’un portefeuille de participations dans des entreprises diverses dans la région.

Le succès des différentes expéditions de prospection menées dans les concessions de recherche négociées par la société se révéla relativement médiocre. En outre, une crise économique mondiale incita rapidement la société à faire apport de ses activités minières naissantes à une société similaire, la Société Industrielle et Minière du Katanga (Simkat) dont elle prit le contrôle à cette occasion en 1913.

La Simkat créera ensuite la Compagnie des Ciments du Katanga (Cimenkat), puis la Société d’Entreprises de Travaux en Béton au Katanga (Trabeka).

En 1924, les factoreries de La Belgo-Katanga furent fermées ou cédées faute de rentabilité suffisante et la société devint alors une sorte d’investment trust ou société holding, gérée essentiellement par des banquiers-agents de change, de manière de plus en plus passive. A ce titre, elle participera néanmoins à la création de nombreuses entreprises d’abord dans la région du Katanga mais plus tard également en Europe. Elle paiera un lourd tribut à la grande crise des années 1929-1935 ainsi qu’à la débâcle des valeurs dites coloniales pendant les dix ans qui suivirent l’indépendance de la Colonie en 1960.

En 1973, La Belgo-Katanga passera sous le contrôle absolu d’Auximines et de ses alliés, qui avaient entretemps racheté également les participations des deux actionnaires institutionnels survivants.

Un deuxième étage de la construction imaginée était en place.

III. Cotoni

Un troisième niveau verra le jour en 1976, lorsque le tandem Auximines-Belgo-Katanga s’alliera avec deux familles liégeoises, pour monter à l’assaut d’un objectif beaucoup plus considérable que les deux précédents : la Cotoni, abréviation de Compagnie Cotonnière et Industrielle. A la suite d’achats en bourse et de négociations directes avec certains actionnaires institutionnels historiques mécontents de la gestion, ce trio parvint à réunir un bloc de titres largement supérieur à celui de 20% détenu par la Société Générale de Belgique (Finoutremer) qui lui avait permis d’y exercer une influence dominante.

Cotoni était l’appellation récemment modifiée de la Société Cotonnière Congolaise dite « Cotonco », créée en 1920 à l’initiative de l’administration coloniale et avec les encouragements particuliers du roi Albert Ier.

L’Etat belge avait en effet été le vrai pionnier de l’introduction de l’or blanc dans la Colonie. Il devint également le principal actionnaire de la Cotonco lors de sa constitution, en rémunération d’apports en nature qu’il lui fit sous forme notamment des premières usines d’égrenage commandées aux Etats-Unis. Le secteur privé appelé en renfort sera représenté essentiellement par une série de banques d’affaires et d’industriels des secteurs textiles gantois et verviétois.

Au fil des ans, la Cotonco construira, selon les directives et le cahier des charges de la puissance publique, une vaste entreprise privée agro-industrielle en Afrique Centrale qui deviendra de loin la plus importante productrice de coton, non seulement au Congo belge, mais également en Angola portugais et en Afrique Occidentale Française (aujourd’hui République du Tchad). Pendant l’époque coloniale, les hauts dirigeants de la société seront souvent issus du secteur public.

Les actions de la filiale angolaise Companhia Geral dos Algodoes de Angola (Cotonang) étaient cotées à la bourse de Lisbonne et celles de la Compagnie Cotonnière Equatoriale Française (Cotonfran) sur la place de Paris.

A son apogée en 1959, une cinquantaine d’usines d’égrenage de la Cotonco transformaient en fibres, 190.000 tonnes de coton-graines, soit environ 90% de la production totale du pays, achetées à quelques 600.000 planteurs indigènes indépendants dont la société assurait l’encadrement.

L’indépendance des colonies belges et françaises en 1960 et l’issue de la révolution angolaise en 1975 modifieront la donne. Après la nationalisation des activités cotonnières, seule la République tchadienne indemnisera promptement et correctement les anciens actionnaires étrangers. Par contre les pertes que subira la Cotonco dans ses deux autres territoires majeurs seront totales.

Pendant la décade qui suivra l’indépendance congolaise, la Cotonco rebaptisée Cotoni déploiera des efforts considérables de reconversion en Europe qui déboucheront essentiellement sur une série de nouvelles pertes. Les actionnaires déçus et mécontents vendront massivement leurs titres, fournissant une nouvelle opportunité d’action pour Auximines-Belgo-Katanga dans la poursuite de son rêve.

Lors de leur accession au pouvoir de Cotoni en 1976, les nouveaux arrivants désormais majoritaires, s’associèrent pendant plusieurs mois avec des représentants de la Générale, histoire de redéfinir ensemble le contour des futures zones d’influence respectives. Lorsque cela fut réalisé, la Générale céda aux nouveaux sa participation de 20% en Cotoni. Celle-ci décida ensuite de donner l’occasion au public de choisir entre la conservation de ses titres et l’option de ne plus être associés aux risques futurs de l’entreprise, en acceptant une offre de sortie de valeur équivalente au prix obtenu par la Générale. Le choix offert prit la forme d’une offre publique d’échange (OPE) lancée par une filiale de Cotoni appelée jusqu’alors Immobilière Brederode, sur les titres de sa maison-mère encore détenus dans le public, payable par la remise d’obligations Brederode remboursables en 10 ans et garanties par Cotoni.

Brederode devenait société financière et la participation croisée à hauteur de 17% qui résulta de son OPE fut dénouée après que Cotoni eut distribué à ses actionnaires toutes les actions Brederode qu’elle détenait.

Cette série d’opérations inhabituelles sont à l’origine de la structure pyramidale qui persistera longtemps dans le groupe Brederode.

Le duo Brederode-Cotoni fonctionnera désormais en totale symbiose. La fusion juridique des deux sociétés n’interviendra qu’en 1989, entraînant la disparition du nom de Cotoni. En vue de simplifier notre récit, nous ferons dorénavant référence à la seule Brederode.

IV. Afrifina

Parmi la soixantaine de participations stratégiques – souvent minoritaires – héritées de Cotoni à fin 1976 après le jardinage amical avec la Générale, figurait un bloc d’actions représentant environ 20% du capital d’une petite société ex-coloniale, baptisée Afrifina, également cotée à la bourse de Bruxelles mais peu connue du grand public.

Cette société avait été constituée en 1929 sous le nom de Bamboli Cultuur Maatschappij avec pour objectif de développer dans la province Orientale de la Colonie, des plantations d’hévéas, arbres à caoutchouc. Ses fondateurs émanaient essentiellement du milieu dynamique des classes moyennes et de quelques banquiers anversois, proches de la mouvance politique qui donnera naissance au CD&V actuel.

Bamboli dut elle aussi déplorer la perte de son patrimoine africain après 1960. Fait exceptionnel cependant, elle réussira une reconversion industrielle en Europe en établissant solidement à Nijlen, en Campine anversoise, une filiale dénommée Artilat spécialisée dans la production d’articles en écume de latex. Bamboli, devenue Afrifina, parviendra à y transférer l’expérience industrielle acquise dans ce domaine dans les dernières années de la Colonie.

Pendant de nombreuses années, Brederode restera l’associée des familles anversoises fondatrices ou gestionnaires avant de finir par racheter leurs intérêts. Artilat contribuera longtemps aux résultats favorables du groupe Brederode, mais cette filiale industrielle finira par péricliter à son tour ce qui amènera le groupe à la céder en 2005 à un acquéreur industriel, après lui avoir consacré bien des efforts en vue de son redressement préalable.

Entretemps, Afrifina avait été fusionnée avec Brederode en 2003.

V. Monceau-Zolder

Il nous faut maintenant revenir plus en arrière pour évoquer la plus grosse acquisition jamais faite par Brederode, celle des Charbonnages de Monceau-Fontaine en 1980.

Il s’agit ici des plus vieilles racines du groupe puisqu’elles remontent à 1804.

Après l’or blanc du coton, voici l’or noir du charbon, première source énergétique du 19e siècle.

La première Société de Monceau-Fontaine a été créée en 1804 sous l’empire de Napoléon. Elle était en réalité la raison sociale d’une association contractuelle entre les Seigneurs- châtelains apparentés et voisins, de Monceau-sur-Sambre et de Fontaine l’Evêque, héritiers concessionnaires en droit féodal du sous-sol de leurs domaines, et un avocat jurisconsulte influent établi à Mons, chef-lieu du département français de Jemappes annexé à la France. La loi française de 1791 – dite Mirabeau – sur les mines, issue de la révolution, avait décidé que le sous-sol n’appartiendrait plus au Roi (ni à ses vassaux), mais bien à la Nation, c’est-à-dire au peuple.

Afin de s’y conformer, et s’appuyant sur le savoir-faire de leur avocat associé et sur leurs excellentes relations avec les chefs d’état successifs de France, des Pays-Bas et de Belgique, les Seigneurs entreprirent d’obtenir la maintenue de leurs droits anciens en vue d’exploiter eux-mêmes le charbon de manière industrielle.

Ce fut un processus long et souvent à recommencer, au cours duquel le trio et ses successeurs durent affronter de multiples procès en justice et autres difficultés administratives en tous genres, tout en creusant le sol.

Quarante-deux ans plus tard en 1846, la Société Anonyme des Charbonnages de Monceau-Fontaine obtint finalement l’arrêté royal tant convoité, rendant indiscutables et définitifs ses droits sur la concession et fixant les obligations  découlant de son exploitation.

Quelques années plus tard en 1852, la Générale qui venait elle-même d’être secourue par l’Etat quatre ans plus tôt, vola au secours du charbonnage en difficultés financières pour la Xe fois et en prit fermement le contrôle, pour le meilleur et pour le pire.

Pendant plus d’un siècle, elle œuvra pour en faire un des joyaux de son portefeuille, ne manquant aucune occasion de racheter des concurrents voisins ou d’organiser des fusions avec certains d’entre eux dans le but d’agrandir sans cesse l’ampleur de sa concession et de pousser ainsi au maximum les possibilités de rationaliser les exploitations.

Dès la fin du 19ème siècle, Monceau-Fontaine était devenu le premier charbonnage du pays.

En 1957, année de son apogée, il produira 1.752.000 tonnes de charbon, mettant plus de dix mille travailleurs à l’ouvrage.

Ce sera ensuite la descente aux enfers : veines de charbon épuisées, concurrence internationale, troubles sociaux etc. Le pouvoir politique panique. Il décrète l’interdiction d’arrêter les exploitations déficitaires, et décide de compenser les pertes par des subsides à fonds perdus. Dans son souci d’éviter le retour de grèves à caractère insurrectionnel, il versera ainsi rien qu’en faveur de Monceau-Fontaine, entre 1966 et 1980, plus de 9 milliards de francs de subsides. Ces sommes permettront d’organiser la fermeture graduelle et programmée des différents sièges d’exploitation, de payer les préavis au personnel et de rembourser les dettes de la société. Le charbonnage sera mis définitivement à l’arrêt en 1980 et la Générale se verra confrontée à la perspective d’une longue période de liquidation.

Une nouvelle opportunité se présente pour Brederode.

En 1982, elle offre à la Générale de lui acheter au cours de bourse, sa participation de 33,8% dans le charbonnage qui dispose à l’époque d’une marge de sécurité sous forme d’une trésorerie plus que confortable. Pour faciliter l’acceptation par la GénéraleBrederode lui propose en échange de lui céder un bloc d’actions représentant environ 14,3% du capital de l’ancien charbonnage hollandais Laura&Vereeniging, accumulé discrètement en bourse comme monnaie d’échange éventuelle. Laura&Vereeniniging était en effet redevenue une entreprise prospère et en croissance régulière après une reconversion industrielle réussie, et la Générale ne détenait que 29% de son capital. L’échange se conclut rapidement et chaque partie lança ensuite une OPA sur « son » charbonnage.

Le nettoyage de Monceau-Fontaine entamé depuis des années par la Générale sera poursuivi avec diligence sous l’administration de Brederode et durera inévitablement très longtemps. Il n’est toujours pas terminé aujourd’hui mais s’est avéré au total très positif, fournissant au groupe des moyens d’action supplémentaires importants. Ceux-ci s’élargiront encore davantage lorsqu’en 1988, Brederode convaincra la Générale de lui céder ses participations de référence dans les anciens charbonnages du Limbourg en liquidation, André-Dumont et Helchteren-Zolder-Houtalen.

Les trois entités seront ensuite fusionnées pour devenir Monceau-Zolder la principale société d’investissement du groupe.

Dès 1978, Brederode avait décidé de tirer parti de la globalisation de l’économie et de la liberté de circulation des capitaux pour se doter d’un outil approprié au sein duquel seraient concentrés ses investissements internationaux, en établissant à Luxembourg une filiale appelée Geyser. Ce nouvel outil connaîtra une expansion régulière jusqu’à devenir à son tour sa filiale de loin la plus importante.

VI. La Liève

La Liève était une société gantoise dont les origines remontaient à 1864. En 1989, elle était toujours contrôlée par les descendants des familles fondatrices qui l’avaient  transformée en une relativement petite société holding, ses activités industrielles de filature du lin étant concentrées dans une unique filiale La Lys-Liève.

Brederode fut approchée par un représentant des familles l’invitant à racheter la participation de 14% que détenait à leur côté un unique actionnaire institutionnel dont elles n’étaient plus satisfaites et de les aider par ailleurs à trouver un remède au souci que leur causaient les piètres performances de La Lys-Liève, soumise à la concurrence effrénée de pays asiatiques.

Le groupe Brederode acheta donc ces 14% de La Liève tandis que celle-ci acquérait des mains d’Auximines une participation de valeur équivalente, sous forme d’actions Belgo-Katanga représentant 4,4% de son capital. Des représentants de Brederode furent invités à prendre la présidence des deux conseils d’administrations gantois.

Six ans plus tard, Brederode trouvera enfin un acquéreur industriel pour La Lys-Liève et La Liève deviendra une holding pure ne détenant plus que des placements de trésorerie.

Sa taille modeste réduisait toutefois fortement la liquidité de ses titres en bourse et la privait d’accès à de nombreuses opportunités financières. Auximines offrit dès lors aux familles gantoises d’échanger leurs actions contre des titres Brederode prélevés sur son portefeuille, majorés d’une soulte en espèce. L’opération fut ensuite étendue au public par la voie d’une OPE aux mêmes conditions.

En 1999, le patrimoine de La Liève fut complètement intégré dans celui d’Auximines.

L’an 2000 marquera une autre étape importante dans la simplification de la structure du groupe en voyant Auximines absorber Belgo-Katanga, et Brederode fusionner avec Monceau-Zolder.

Dix ans plus tard en 2010, une ultime fusion conduira Brederode à l’absorption de sa maison-mère Auximines, ne laissant subsister qu’une société cotée en bourse.

VII. Expansion internationale

C’est au départ de Geyser que l’expansion internationale se poursuivra, de manière accélérée à partir de 2004, lorsque cette filiale sera dotée de moyens accrus lui permettant de créer à son tour la société luxembourgeoise Brederode International spécialisée dans le domaine du Private Equity.

C’est à Brederode International qu’est arrimée de la société britannique Athanor Limited constituée à Londres en 1994 pour participer aux opérations d’assurances menées sur le marché des Lloyd’s lorsqu’il s’ouvrit pour la première fois de son histoire plus que tricentenaire au capital à responsabilité limitée.

La naissance d’Athanor et la notoriété nouvelle qu’elle valut à Brederode sur la place financière de Londres lui fournit l’occasion d’étendre de manière significative son empreinte sur ce vaste marché en phase de profonde réorganisation. Elle utilisa pour ce faire sa filiale Biocare qui se trouvait momentanément en mal de vocation après l’échec récent d’une tentative de diversification dans le secteur belge de la prévention et des soins de santé. Biocare, rebaptisée Brederode Insurance concentrera à partir de 1995 les participations de groupe dans le secteur de l’assurance auxquelles s’ajoutera une longue série de participations nouvelles au fur et à mesure de la création de nouvelles initiatives liées au redéploiement des Lloyd’s. Ces participations seront revendues avec profit au cours de la dizaine d’années suivantes. Seule sera conservée la filiale Athanor qui poursuit avec bonheur ses activités spécifiques.

Brederode Insurance finira par être absorbée par une autre société du groupe si bien qu’actuellement, Brederode ne conserve en Belgique qu’une seule filiale dénommée Greenhill. Sa création remonte à 1988 lorsque l’ancien Charbonnage de Monceau-Fontaine fut scindé et sa branche d’activité industrielle comprenant l’exploitation du grisou, les terrils et les immeubles industriels liés à l’exploitation de la concession minière furent apportés à une société nouvelle appelée Monceau Energie. Après avoir mis fin à ses exploitations gazières en 1997, elle adoptera sa dénomination actuelle de Greenhill. Elle subsiste dans l’attente d’un arrêté royal faisant droit à sa requête introduite en 1993 visant la renonciation à sa concession.

A l’occasion d’une assemblée générale extraordinaire tenue le 14 mai 2014, les actionnaires de Brederode votèrent à l’unanimité en faveur du projet de fusion par absorption de leur société par la société luxembourgeoise Acturus, cette dernière reprenant l’ensemble des actifs, passifs, droits et engagements de Brederode ainsi que sa dénomination.

Aujourd’hui, Brederode est à la tête d’un groupe de taille moyenne, doté d’une structure simple et capable d’investir en connaissance de cause et avec efficacité sur quatre continents au départ de deux centres opérationnels majeurs : Londres et Luxembourg.

Son histoire ne se termine pas ici. De nouvelles pages s’écrivent tous les jours.

L'origine du nom Brederode

Henri de Brederode, dit “le grand Geux”

La société doit son nom à celui de la rue éponyme où la Cotonco avait décidé de faire construire un immeuble susceptible d’abriter son personnel d’Europe et d’y transférer son siège social. Ce projet immobilier fut confié à une filiale ad hoc baptisée lors de sa constitution en 1957 du nom d’Immobilière Brederode. Cette dénomination sera transformée plus tard en Financière Brederode, avant d’adopter sa forme simplifiée actuelle.

Comme le savent les bruxellois, la rue Brederode, étroite et courte, longe la façade arrière du palais royal, joignant la place du Trône à la rue de Namur. C’est dans ce quartier royal s’il en est, que s’étaient fixées les principales sociétés coloniales à l’époque de l’Etat Indépendant du Congo, à deux pas des bureaux de leur grand inspirateur Léopold II.

Mais le quartier était noble depuis bien plus longtemps puisqu’y habitaient au XVIsiècle les influentes familles aristocratiques Brederode, Culembourg, Egmont, Mansfeld, Marnix, Nassau etc.

La rue Brederode évoque cet âge d’or (et d’intolérance) et spécifiquement l’un de ses illustres héros, le comte Henri de Brederode, « chef des Gueux ».

L’écrivain et historien belge Théodore Juste (1818-1888) en a dressé la biographie qui suit :

« BRÉDERODE (Henri DE), né à Bruxelles en 1531, de Renaud II, comte de Bréderode, et de Philippine de la Marck, sœur du célèbre Érard, cardinal, prince-évêque de Liège.

Les Bréderode descendaient des anciens comtes de Hollande et affichaient ouvertement cette origine. C’est ainsi que Renaud II, au grand déplaisir de Charles-Quint, avait arboré dans les rues de Gand les armoiries complètes du comté de Hollande comme les siennes. Il était membre du conseil d’État et chevalier de l’ordre de la Toison d’or.

Henri, son fils aîné, après avoir été attaché comme page à la personne de Charles-Quint, embrassa, de même que ses deux frères, la carrière des armes. En 1552, il servait dans l’armée commandée par Guillaume de Nassau. Il prit part ensuite à la grande guerre qui signala l’avènement de Philippe II. L’un de ses frères fut tué en 1557, à la fameuse bataille de Saint-Quentin; l’autre devait également succomber quelques années plus tard en combattant les Turcs.

Philippe II récompensa la vaillance et les services d’Henri de Bréderode en le nommant, en 1559, capitaine d’une des quatorze compagnies ou bandes d’ordonnance des Pays-Bas. C’était un brave gentilhomme, mais de mœurs légères, hardi et cynique même dans ses propos, gai convive, joyeux compagnon.

Il avait hérité de son père de beaux domaines; il était comte de Bréderode et de Vianen, seigneur d’Almeyden, vicomte d’Utrecht, etc.

Il épousa Amélie, comtesse de Nuenar, « vertueuse dame », selon les expressions du baron de Montigny.

Bréderode devint le plus actif auxiliaire de Guillaume le Taciturne, dont il reconnaissait la supériorité, et de Louis de Nassau, qu’il regardait comme un frère.

D’une haute stature, d’une figure mâle et énergique, taillé pour la lutte, il se jeta avec impétuosité dans le parti qui voulait s’opposer à la tyrannie religieuse et politique de Philippe II.

En 1565, lorsque le comte d’Egmont se rendit en Espagne pour rendre compte au Roi de la situation des Pays-Bas, Bréderode l’accompagna jusqu’à Cambrai où il se signala par la véhémence de sa haine contre le cardinal de Granvelle. Il signa de son sang l’acte par lequel il s’engageait à tirer vengeance sur le cardinal du tort qui pourrait être fait au comte d’Egmont.

A Bréderode, cependant, n’appartient point l’initiative de la fameuse ligue ou confédération de la noblesse; il ne fut pas même au nombre des premiers signataires du Compromis.

Le 21 janvier 1566, Marguerite de Parme écrivait au roi que Bréderode vivait encore en bon catholique. Et comme elle reprochait à ce seigneur, quelques jours après, de tolérer l’impression de livres hérétiques dans sa ville de Vianen, elle ne tarda point à recevoir des excuses et une justification.

Il était bien vrai, lui écrivait Bréderode, qu’il avait un imprimeur en sa ville de Vianen, mais il lui avait ordonné sur sa tête de ne rien imprimer, pas même une chanson, sans la révision préalable et l’approbation du curé de la ville et de deux autres gens d’Église délégués à cet effet.

Lui-même naguère, soupçonnant que cet imprimeur avait contrevenu à ses ordres, l’avait retenu plus d’un mois dans ses prisons; mais il avait fallu le relâcher, puisque les enquêtes n’avaient pas démontré sa culpabilité.

Tout en proclamant sa déférence pour la gouvernante des Pays-Bas et son respect pour la religion catholique, Bréderode devenait le chef nominal des confédérés. Cédant aux suggestions de Louis de Nassau, et d’accord avec ses amis, il avait pris la résolution de présenter solennellement à Marguerite de Parme une requête pour demander l’abolition de l’inquisition et des édits qui menaçaient de peines horribles les « hérétiques. »

Le 3 avril 1566, dans la soirée, Bréderode et Louis de Nassau entrèrent dans Bruxelles avec deux cents gentilshommes confédérés, tous à cheval et en équipage de guerre. En mettant pied à terre à l’hôtel de Nassau, Bréderode dit aux comtes de Hornes et de Mansfeld : « Quelques-uns avaient pensé que je n’oserais pas m’approcher de Bruxelles; eh bien, j’y suis, et j’en sortirai d’une autre manière peut-être. »

Le 5 avril, Bréderode, s’étant rendu au palais de la gouvernante avec quatre cents confédérés, donna à la sœur de Philippe II lecture de la fameuse requête par laquelle les signataires du Compromis réclamaient la suspension de l’inquisition et la modération des édits religieux.

La réponse de la gouvernante, qui leur fut remise le lendemain, ne les satisfit point. Bréderode réunit le soir ses compagnons dans un banquet à l’hôtel du comte de Culembourg et provoqua une mémorable manifestation contre l’épithète offensante dont s’était servi à leur égard un des seigneurs de la cour. Il déclara que, pour lui, il acceptait librement le nom de gueux, malgré la honte qui y était attachée, et que cela lui était égal de devenir en effet gueux et mendiant pour la cause du roi et de la patrie.

Tous les convives ayant applaudi, Bréderode s’attacha une besace au cou, remplit de vin une écuelle de bois et but à la santé des gueux.

Le 8 avril, Bréderode, avec quelques délégués, retourna au palais pour protester contre la réponse dont leur requête avait été l’objet. De Bruxelles il se rendit à Anvers, plein de confiance dans le succès de la confédération. Partout il est accueilli avec enthousiasme. A Anvers, plus de quatre mille personnes s’amassent devant l’hôtel du Lion rouge, où il est descendu. Il paraît à la fenêtre, le verre à la main, et harangue le peuple qui lui répond par des acclamations. La foule l’escorte ensuite jusqu’aux portes de la ville.

Du mois d’avril au mois de juillet 1566, presque toutes les provinces sont agitées par les prédications des luthériens et des calvinistes qui jouissent de fait, grâce à l’énergie des confédérés, du libre exercice de leur religion. L’agitation est grande, surtout à Anvers, où, pour empêcher la prédominance des dissidents, Marguerite de Parme se propose de mettre garnison.

Afin de déjouer ce projet, Bréderode revient à Anvers le 5 juillet avec un assez grand nombre de gentilshommes. Le 13, il va au-devant du prince d’Orange qui est appelé par la bourgeoisie pour rétablir l’ordre et qui se rend à Anvers avec l’assentiment de la régente. Le lendemain, Bréderode part pour Saint-Trond où les confédérés se réunissent de nouveau. Des résolutions plus graves sont prises dans cette assemblée. Les confédérés ne se contentent point d’assurer une protection égale aux luthériens et aux calvinistes, ils décident que, pour maintenir la liberté de conscience, ils opposeront, le cas échéant, la force à la force.

Marguerite de Parme, dans l’espoir de calmer cette effervescence, envoie à Duffel le prince d’Orange et le comte d’Egmont afin de s’aboucher avec les mandataires des confédérés. Bréderode prend part à cette conférence qui fut sans résultat. Les confédérés avaient déclaré qu’ils voulaient négocier à Bruxelles même; leurs députés s’y rendirent, en effet, mais sans Bréderode, qui craignait peut-être pour sa sûreté.

La populace, fanatisée par les prêches, saccage les églises de la Flandre. Terrifiée par cette nouvelle, la gouvernante, presque prisonnière dans Bruxelles, signe, le 23 août, des lettres d’assurance pour les confédérés. Elle les garantit autant que possible contre la colère de Philippe II, et, de leur côté, ils promettent de s’opposer aux excès des nouveaux iconoclastes.

Bréderode n’avait pas attendu cet engagement; il avait pris les armes et avait sauvé du pillage la célèbre abbaye d’Egmont près de Harlem. Mais, le 27 septembre, il fit enlever, au son du fifre et du tambour, — écrivait-on à la gouvernante — les images des églises de la ville de Vianen.

Sans confiance dans l’accord du 23 août, doutant de la sincérité de Marguerite de Parme et prévoyant déjà une réaction, il commença aussi à lever des soldats. La gouvernante s’étant plaint de cette attitude presque menaçante, le prince d’Orange s’efforça de disculper Bréderode. « Ce seigneur, en levant cent cinquante hommes, n’avait eu d’autre but, disait-il, que de pourvoir à la sûreté de sa ville et de sa propre personne. »

Les violences des sectaires provoquèrent la réaction prévue et redoutée par Bréderode. Les confédérés se divisèrent, et Marguerite de Parme sut habilement profiter de leurs discordes. Autant elle avait montré de faiblesse naguère, autant elle se montrait maintenant impérieuse. Tout en rassemblant des troupes elle ordonna la cessation des prêches et des exercices de la nouvelle religion. Elle alla plus loin. Elle enjoignit aux chefs des bandes d’ordonnance, de même qu’à tous autres gentilshommes et vassaux, de prêter le serment de servir le roi envers et contre tous et de renoncer à toutes ligues contraires à cette obligation.

Bréderode refuse de prêter un pareil serment et se prépare, mais trop tard, à une lutte ouverte. Il conclut avec les députés des communautés protestantes, réunis à Anvers, une convention par laquelle il promet de les maintenir en l’exercice libre de leur religion, tandis que, de leur côté, ils s’obligent à lui fournir un subside qui sera réparti sur leurs églises, Bréderode, appuyé sur les communautés protestantes, délivre des commissions pour enrôlement de gens de guerre, à pied et à cheval.

La sanglante défaite essuyée par Jean de Marnix à Austruweel ne décourage pas encore l’ancien chef des confédérés. Retiré à Amsterdam, il s’efforce de gagner le peuple : il va lui-même dans les jardins publics, où les bourgeois se réunissent pour tirer de l’arc ou de l’arquebuse, afin d’y recruter des partisans; son but est de se rendre maître de la ville.

Ayant échoué dans cette tentative et apprenant que le prince d’Orange s’est retiré en Allemagne, lui aussi cherche son salut dans l’exil. Le 27 avril 1567, à onze heures du soir, il s’embarque avec sa femme et un certain nombre de gentilshommes, se dirigeant vers Emden. Là il élève la voix lorsque le duc d’Albe est venu remplacer Marguerite de Parme.

Protestant contre la tyrannie du nouveau lieutenant de Philippe II, le traitant de « More renégat », il s’efforce d’agiter les Pays-Bas et d’organiser une nouvelle confédération.

Tel est l’objet du second Compromis qu’il signe avec sept autres exilés, gentilshommes comme lui. Dernier et vain effort d’un cœur généreux et d’un esprit étroit; dernière illusion de Bréderode dont la devise était le mot Peut-être.

Il mourut le 15 février 1568, au château de Varenburch, où le comte Joost de Schauenbourg lui avait offert un asile.

Le comte de Hoogstraeten écrivit à Louis de Nassau, le 26, que la fin de Bréderode avait été fort belle et non comme ses calomniateurs voudraient l’interpréter.

L’ancien chef des confédérés reposait depuis plus de trois mois à Gehmen (pays de Clèves) lorsque le duc d’Albe, qui n’avait pu le saisir vivant, s’avisa de le poursuivre dans la tombe.

Par sentence du 28 mai 1568, le conseil des troubles le bannit à perpétuité et confisqua ses biens. Vengeance digne du duc d’Albe.

Th. Juste.